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Vanakkam
19 juin 2010

Mon attitude durant notre séjour

P1050109A vrai dire je ne savais laquelle prendre. J'oscillais constamment entre une légitime fierté d'être un homme libre ne devant rien à personne et, celle d'un homme faisant parti d'un peuple vaincu et soumis aux pires humiliations et injustices en tant que tel.

N'ayant guère le choix et selon les endroits et/ou les gens avec qui je me trouvais, j'adoptais une attitude en conséquence. Qui n'était parfois en rien le reflet de ce que je ressentais, mais plutôt un moyen de me tenir en retrait, de me protéger de tout ce qui me faisait mal en tant que Tamoul.

Inutile pourtant de dire que avec les Cinghalais je me suis montré plus que distant, affichant mon orgueil d'être de caste supérieure et exigeant de par mon attitude, la reconnaissance, la considération et le respect dus à celle-ci. Sathiya étant plus âgé et n'ayant pas le même caractère que moi s'est montré plus diplomate.Profitant de mon statut d'invité et de danseur sacré, je me suis montré arrogant, puant de prétention envers des gens qui au final avaient autant souffert, sinon plus que nous, de cette guerre. Mais sur le moment je n'étais que haine et rancoeur.

P1050351J'arrivais dans ce pays, en tant qu'invité. Français Pondichérien, Né dans un grand pays l'Inde, "protégé" par des lois françaises, mon statut était celui d'un "privilégié". Pour la plupart des personnes qui s'interrogeaient à notre sujet, cela suffisait en partie à imposer le respect et je dois avouer l'avoir savouré sans vergogne.  De plus, nous avions le pouvoir de l'argent, puisque nous étions des clients potentiels de tout ce qui peut s'acheter, dans un pays où il fait défaut après 39 ans de guerre civile. J'en usais et en abusais en décidant de me montrer autoritaire et plus que difficile à satisfaire chaque fois que j'entrais dans une boutique sachant pertinemment que je ne n'acheterai rien. En effet, avec Sathyia et sans nous être concertés, nous avons décidé de boycotter les commerces Cinghalais. Ils nous humilient, nous adressent les pires vexations, nous présentent comme des terroristes et des moins que rien. Nous serions bien stupides de leur donner notre argent, y compris aux mendiants. Qu'ils se débrouillent et demandent de l'aide aux pays qui les ont soutenu !

P1050306Nos compagnons de danse ont certainement remarqué notre attidude mais n'ont rien osé dire, pressentant le règlement de compte communautaire.  Par ailleurs, mon attitude avec eux, était la même qu'en France, mais je leur ai laissé entrevoir une facette odieuse de ma personnalité. Avec le recul, je n'en suis pas particulièrement fier, mais c'est ainsi.

Lorsque nous sommes arrivés à Neruya Elya, nous nous sentions entre-nous puisque cette ville est à dominance Tamoule et nous nous sommes laissés à faire transparaître nos sentiments. Nous sommes descendus de notre piédestal de Danseurs Sacrés pour nous mêler à la foule des gens ordinaires. Ne parlant pas le Cinghalais et ne voulant pas user de l'Anglais, nous avons repris le Tamoul pour nous faire comprendre. Portant avec fierté le dothi long, le vapoothi marquant les trois niveaux de l'univers symboles des indhus Sivaïtes. Notre guide nous suivant partout dans la journée, se faisait plus discret dans cette ville où dominait notre peuple, mais toujours un peu envahissant. Nous avons attendu le soir pour accepter les invitations de fidèles qui nous demandaient de danser pour la communauté. Ce que nous avons fait avec un réel plaisir et une telle ferveur que nous étions partis dans une transe et qu'il a fallu un bon moment avant que nous en sortions.

P1050296Ces gens qui n'avaient rien, nous ont acueilli à bras ouvert, certains étaient boudhistes, d'autres indhuistes et d'autres encore mais très peu Chrétiens. Pour précision, il n'existe pas de musulman chez les Tamouls contrairement au Cinghalais. Nous ressemblions à des jardins tellement les colliers de fleurs s'empilaient autour de notre cou et des migraines persistantes nous enserraient la tête à cause des odeurs de fleurs, d'encens et de fruits pourrissants sur les autels des Dieux. Nous avons été gavés de riz, cuisiné dans du lait de coco avec des raisins secs, des amandes, des noix de cajoux au point d'en avoir des nausées. Mais nous n'avons rien refusé, car cela aurait été fort désobligeant et surtout très vexant pour ces personnes qui partageaient avec nous ce qu'elles avaient de meilleur.

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Vanakkam
  • Les pérégrinations d'un indien en France. Choc et réflexions sur nos différences de cultures, de manière de penser, de façon de vivre. Rencontres, joies et désillusions. Vie sociale, culturelle et amoureuse.
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