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Vanakkam
19 juin 2010

Notre tournée

 

 

 

 

P1050332Mon ami me presse de questions et je ne sais quoi lui répondre, comment lui décrire mon ressenti ? Je suis forcément de parti pris...Nous avions le coeur serré à l'idée de danser dans un pays se relevant à peine d'une guerre fratricide et meurtrière, mais surtout pour les vainqueurs que sont les dirigeants de ce pays, qui ont invité notre compagnie avec l'idée fallacieuse d'une soi-disant réconciliation entre nos deux peuples. Alors que tout ce qui est fait actuellement à notre encontre ne fait qu'attiser notre haine et notre rancoeur.

Ca a commencé déjà à notre arrivée à Colombo. Nous étions invités donc nous sommes passés avec la troupe des danseurs indiens. Comme Sathiya et moi sommes "typés" tamouls, on nous a demandé, ainsi quà un autre garçon que nous ne connaissions pas, d'ouvrir nos valises. Elles ont été fouillées de fond en comble et peu discrètement, les douaniers ne se sont pas contentés de passer leur détecteur ou les mains sur les piles de linge et de vêtements. Ils ont tout déplié au vu de tout le monde. Il a fallu l'intervention du maître de ballet pour qu'ils arrêtent, alors qu'à l'évidence ils ne voyaient rien de suspect.

P1050334Ensuite, nous avons de nouveau été bloqués au sortir de la salle de débarquement on nous a demandé de montrer l'argent et les devises que nous avions amené, nous étions pétrifiés de honte. Nos bijoux ont été pesés et le poids ainsi que la description marqués sur la dernière page de nos passeports, pour le réexport. Ca c'est normal, ils font pareil en Inde, mais ce qui ne l'est pas, c'est qu'ils nous ont demandé de retirer nos talis pour le faire. Un tali ne se retire pas et ils le savent fort bien, car eux aussi tous Cinghalais qu'ils sont, portent des talis. Ils ont jusqu'à été ouvrir notre boîte de vapoothi pour sentir. Alors qu'ils savent fort bien ce que c'est puisque tous les Tamouls qu'ils soient de l'Inde ou du Sri-Lanka portent cette marque sur le front. J'avais envie de leur faire du mal, je sentais la haine monter en moi.

Un petit car nous attendait, pour nous emmener à l'hôtel et le chauffeur ainsi que le guide ont fait comme si ils ne nous voyaient pas. Nous laissant nous débrouiller nous-mêmes pour mettre nos bagages dans le coffre. Heureusement, notre maître à danser à vu ce qui se passait et leur a faire comprendre de nous aider.  Chaque fois, que l'on dépassait une ruine ou qu'une route était défoncée, le guide y allait de son commentaire :..." Tout est en mauvais état, le Gouvernement n'a pas d'argent à cause des  rebels..." Il n'a pas osé dire Tamouls mais c'était au bord de ses lèvres.

A peine arrivés, nous avions déjà hâte de repartir, c'est dire !

P1050345Arrivés à l'hôtel, les chambres ont été distribuées. Deux par chambre, je partage toujours la mienne avec Sathiya. L'ennui c'est qu'il nous avait donné une chambre située au 1er étage, avec vue sur le jardin et la plage, mais juste au dessus des toilettes et l'odeur dans le couloir pour arriver à notre chambre était fort désagréable. Nous avons demandé à changer, il n'y en avait soi-disant pas d'autres, mais comme par hasard quand le Maître de Ballet en a parlé à la Direction, dans l'heure qui suivait des touristes venaient de partir et, on nous demandait juste de patienter le temps de préparer la nouvelle chambre...Et tout a été à l'avenant.

Le matin il y avait un buffet, continental et Sri-Lankais pas de souci chacun prend ce qu'il veut. Le midi et le soir idem, sauf que en tant que danseurs se produisant non seulement sur des scènes profanes mais également dans les temples, il y a des aliments que nous ne pouvons consommer. La cuisine indienne, nous connaissons, idem l'Européenne, mais la Cinghalaise nous connaissons peu. Voyant des plats dont nous n'arrivions pas à définir ce que c'était et les inscriptions étant écrites en cinghalais voire en anglais et/ou allemand ne nous parlaient pas, nous avons parfois demandés ce qu'il en était et avons eu pour toute réponse, ... "beef", ... "Pork"... avec un sourire en coin. Pour finir, nous n'avons plus rien demandé, et avons pris ce que nous avons pu reconnaître. Ce sont des petits riens, mais qui se reproduisant souvent, ont fait de notre tournée un enfer.

P1050111Les salles où nous nous sommes produits étaient bien aménagées. Pour la façade et dans les premiers rangs, des notables Cinghalais, cotoyaient ce qui restait d'une Elite Tamoule, mais plus on s'éloignaient dans les rangs et moins il y avait de Tamouls.  Nous avons eu beaucoup de mal Sathiya et moi pour nous concentrer avant chaque entrée en scène ou à chaque changement de "tableau". Pour finir, j'ai réussi à faire abstraction du public, je n'ai dansé que pour nos Dieux me fondant en eux un peu plus à chaque geste. Nous avons été applaudis par politesse plus que par un réel amour des danses que nous présentions, par les Cinghalais et avec ferveur par les Tamouls présents. A Colombo le public était assez mixte. A Kandy il était à majorité Cinghalais et à Neruya, ville se situant dans les plantations de thé à majorité tamoule, nous avons fait un triomphe. 

 

 

 

 

 

 

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  • Les pérégrinations d'un indien en France. Choc et réflexions sur nos différences de cultures, de manière de penser, de façon de vivre. Rencontres, joies et désillusions. Vie sociale, culturelle et amoureuse.
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