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Vanakkam
12 novembre 2020

L'histoire des tapis en Inde

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Le tissage et la diffusion des tapis en Inde ne sont attestés qu'après l'installation définitive de la Dynastie Moghole, avant le XVIème siècle nous ne connaissions et n'utilisions que des feutres décorés appelés Numda ou des tissus plats appelés Durri.

En 1544, l'empereur Humayun fut contraint de se réfugier à la cour du Shah Tahmasp, il  y découvrit l'art Séfévide, cultivé et rafiné. Pendant ces 9 ans d'exil, il suivit la Cour persane de Qazvin à Tabriz et Ardebil centres de manufactures de tapis prestigieux. Au moment de son retour en Inde et selon d'après la tradtion il aurait refusé les tapis offert en cadeaux par le Shah Tahmasp et aurait plutôt demandé des dessinateurs et des ustad pour installer dans son pays des manufactures identiques à la Perse.

Humayun célèbre mécène, reçut à sa Cour des peintres comme Sayed Ali ou Dast Muhammad. A sa mort, ce fut Akbar, son successeur qui donna vie à un style Moghol. Il construisit une nouvelle capitale à Fatehpur Sikri qu'il orna de magnifiques palais, voir lien ci-après : http://indiangay7.canalblog.com/archives/2012/02/17/23540247.html . Les manufactures de tapis étaient situées à Agra, voir lien ci-après : http://indiangay7.canalblog.com/archives/2012/02/14/23522059.html et Lahore qui à présent fait partie du Pakistan.

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Son fils Jahangir (1605-1628) continua le mécénat. Naturaliste passionné, il encouragea l'évolution du style naturaliste moghol, par la représentation réaliste de fleurs et de fruits.

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Les miniatures de l'époque de Jahangir et de Shah Jahan -1628-1658) montrent de somptueux tapis posés sur le sol des palais et des jardins, voir lien ci-après : http://indiangay7.canalblog.com/archives/2013/04/27/27024286.html .Le règne d'Aurangzeb 1658-1707 fut marqué par une grande austérité qui influança aussi l'art du tapis. Après la mise à sac de Delhi par les troupe de Nadir Shah, roi de Perse en 1739, la Cour Impériale de moins en moins influente et fastueuse protégea moins les artistes, et leur ménénat finit par cesser brusquement.

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Les mahââradjah locaux et les commerçants anglais devinrent les principaux clients des manufactures mogholes. La production perdit son élégance et sa richesse devenant plus" provinciales" et se tournant résolument vers l'exportation. Cependant jusqu'à la 1ère moitié du XIXème siècle la qualité demeura inchangée, et on produisit de nombreux tapis de grandes dimensions ornés  d'élégants motifs floraux.

Dans la seconde moitié du siècle, la qualité se détériora  progressivement suite à une commercialisation intensive marquée par des fils  tissés mécaniquement, l'introduction de couleurs artificielles, l'installation d'ateliers de tissage dans les prisons et l'utilisation des détenus  comme tisserands.

Les tapis modernes  sont produits sur des dessins complètement étrangers  aux traditions indiennes de la période moghole, selon des critères dictés par  les exigences du marché, mais ils sont tout de même appréciés sur le marché occidental pour le classissisme, bien que stéréotypé, de la décoration des modèles persans.

En Inde, les tapis sont surtout utilisés dans le Nord, en raison des températures qui l'hiver peuvent descendre jusque -2 voir 3 degrés. Dans le Sud de l'Inde, ils n'y a pas de fabriques, et ils sont peu utilisés sinon par des familles très aisées et souvent mis au mur. Il est délicat de les mettre au sol en raison des serpents qu'on ne verrait pas sur un tapis à motifs. Pour ma part, je mets les tapis de laine au sol et ceux en soie, plus fragiles, sur les murs.

De nos jours, en Inde, il reste quelques fabriques de tapis situées principalement dans l'Etat du Rajasthan dans la ville de Jaipur. Les conditions de travail dans ces fabriques, sont malheureusement celles de tous pays en développement, axés sur la commercialisation et les exportations. Les ouvriers travaillent souvent 12 à 14 h par jour dans une poussière particulièrement toxique puisque si fine qu'elle attaque les bronches, la vapeur toxique des colorants et la pénombre des pièces de travail pour éviter que la chaleur ne fasse trop de "dégats" parmi les ouvriers.

Les jeunes filles et les dames filent la laine :

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Les enfants, souvent vendus aux propriétaires de fabriques, dès l'âge de 7 ans, tissent le tapis grace à un dessin fixé sur le montant du métier, car ils ne savent pas lire. Les hommes plus âgés tissent des tapis aux motifs plus compliqués.

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Le tapis une fois tissé voit ses poils égalisés à la main

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Le tapis est ensuite brûlé pour enlever le surplus 

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Il est ensuite lavé, puis encore vérifié et égalisé 

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et enfin présenté à la vente

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Les photos mises pour illustrer cet article sont celles de tapis m'appartenant, aussi je vous serai reconnaissant de ne pas en faire de copies s'il vous plait. Je vous en remercie.

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Commentaires
I
Vanakkam Alexchore,<br /> <br /> Non, mais c'est une idée sur laquelle je vais me pencher
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A
vanakkam, en France c impossible à cause du droit à l'image, c dommage. Avez-vous déjà écrit un post sur l'encens? J'adore les encens indiens naturels et aimerais connaître leur fabrication et rôle dans les rites spirituels...
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I
Vanakkam Alexchore,<br /> <br /> Oui, pas de souci, leur but est de vendre donc ils n'hésitent pas à faire visiter leur fabrique. Pour les photos j'ai demandé la permission par correction et ça a été accepté.
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A
ustad?? <br /> <br /> <br /> <br /> On vous a laissé photographier dans ces fabriques ? Etonnant. <br /> <br /> Les tapis orientaux sont les plus beaux. J'en ai des traditionnels en vraie laine et brodés à la main ; splendides mais fragiles. Ma fille a fait un trou avec sa chaussure dernièrement, j'ai cru que j'allais l'étrangler lol
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C
Article très intéressant, merci mon Subra
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Vanakkam
  • Les pérégrinations d'un indien en France. Choc et réflexions sur nos différences de cultures, de manière de penser, de façon de vivre. Rencontres, joies et désillusions. Vie sociale, culturelle et amoureuse.
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