Triste week end

Ayant une réunion de copropriété au Tréport, A... et moi nous y sommes partis le week end dernier. Je n'en avais pas vraiement envie, mais d'un autre côté, c'est ce qui a rendu ce week end supportable. Mon esprit n'arrivait pas à penser à autre chose que l'agonie de maman décédée en 2 h de temps le 31 octobre 2006, cela à fait 8 ans l'année passée. A... m'a expliqué que ce week était la fête des morts. Le moment où les vivants les honorent en leur apportant des fleurs au cimetière (Oui ben maman est incinérée et c'est moi qui garde ses cendres à la maison, si bien qu'elle est toujours avec moi). Il a tenu à aller à l'église allumer une bougie en sa mémoire et pour qu'elle continue à me protéger. J'ai fait pareil bien que je ne sois pas chrétien, A.. m'a dit que je pouvais, tout le monde a le droit de le faire, mais avait-il raison ? et je n'ai retenir mes larmes malgré la présence d'A...J'avais honte. Je n'arrivais pas à m'arrêter. Je suis resté un peu en arrière, ne voulant pas qu'il me voit ainsi mais manque de chance...

Heureusement que je ne suis pas resté sur Paris. J'aurais encore plus ruminé si ça avait été possible. Que ce soit l'appartement de Paris ou celui du Tréport, tout me l'a rappelle. La décoration avait été choisie par elle et son parfum flotte encore dans ses vêtements que je n'ai pas eu le courage de donner et puis de toute façon je ne connais personne.

Nous sommes rentrés à la maison, je ne pouvais penser à autre chose, et je n'ai pu m'empêcher de regarder les quelques photos qui me restent d'elle et de mon père.  Je n'arrive pratiquement plus à me rappeler le visage et la voix de mon père, quant à la voix de maman, elle s'estompte, je la sens pas loin et si loin à la fois oui enfin je m'explique comme un pied !

J'appréhende le moment ou je ne serais plus capable de me les rappeler, c'est alors qu'ils disparaîtront pour de bon. Mais je me demande souvent s'ils ont fini leur cycle de réincarnation ? sinon je serai peut être appelé à les revoir ? mais les reconnaîrais-je ? Pour ça je suis prêt à prier tous les dieux, les miens et les autres, ceux des autres peuples, des autres religions. Ma seule consolation c'est qu'elle soit morte dans mes bras. Elle n'avait qu'une peur mourir à l'hôpital, loin de chez elle. Quand elle est partie Shivana et moi étions près d'elle. S'est elle vue mourir ? oui je le crois, car elle a crié mon nom. Etait-elle en paix ? je ne sais ? elle m'a dit que maintenant c'était à moi de me débrouiller, qu'elle avait fait ce qu'elle pouvait. Ais-je fait tout ce qu'il fallait pour qu'elle ait une vie, une fin heureuse ? questions qui resteront à jamais sans réponse.

Je me reprocherais à jamais mes moments d'impatience, mes sautes d'humeur, ma façon souvent brusque de lui parler, de ne plus l'avoir embrassé toutes ces dernières années, sa solitude, tout cet ensemble de choses que je n'ai pas compris à sa juste valeur alors qu'il l'aurait fallu, et à présent il ne me reste que des regrets. Une mère on en a qu'une et maintenant je n'en ai plus ! Comment exprimer cette jalousie qui m'étreint lorsque je vois des jeunes qui peuvent encore dire maman. Comment atténuer ma colère quand je les entend mal répondre à leur mère et râler après leurs parents pour des pécadilles. Se rendent-ils seulement compte de la chance qu'ils ont de les avoir encore. J'aimerai tant être à leur place, avoir encore une famille ! Pouvoir simplement dire maman. Malheureusement, c'est trop tard, c'est quand ils sont morts que l'on s'aperçoit que l'on a plus rien, que l'on a tout perdu et que l'on a pas su profiter de la chance qu'on avait de les aimer.

Je me retiens souvent de les rejoindre, à cause de Shivana puis d'A... A.... qui dit toujours que la vie c'est comme ça, qu'on doit se battre. Je l'admire, et j'aimerais être fort comme lui, mais parfois, je suis si las...