Ratha Yatra 2012 - Retour du Seigneur Jagannath

Comme prévu, A… Sathiya, Sivarajini son épouse, Gayatri leur choupette (c’est ma nièce) et moi, nous avons participé au Ratha Yatra, dont le départ, contrairement aux années précédentes, et pour des contraintes administratives avec les autorités françaises, s’est déroulé de la place du Colonel Fabien au lieu de la place Stalingrad. Enfin, le tout c’est que le défilé n’ait pas été reporté.

Celui-ci devait avoir lieu à 14 h et comme nous étions dans les premiers arrivés, nous avons pu assister à la préparation du char et avons donc pu tranquillement offrir nos paniers d’offrandes.

Comme d’habitude, les représentants des diverses communautés religieuses (muslim, chrétienne, juive, indhue) ainsi que le représentant culturel de l’Inde à Paris, l’organisateur de ce défilé, ainsi qu’un homme d’affaires indien possédant de nombreuses entreprises de restauration à Paris ont fait leur discours de bienvenue, symbolisant l’amitié entre les peuples et la tolérance que nous nous devons les uns envers les autres. C‘est là que nous avons su que la majorité des repas offerts à tous les participants, ainsi qu’à tous ceux qui se présenteraient à la Fontaine des Innocent et ce, quelque soit leur race, et leur religion, l’étaient grâce à la générosité de cet homme d’affaires sans laquelle, cela serait plus que difficile.

Une danseuse (européenne) a esquissé quelques pas de Baratha Natyam, pendant que les brahmanes installaient le gourou et les divinités sur le char, et que les dévôts finissaient de le décorer de fleurs. Petit à petit les fidèles arrivaient, et les louanges chantées en l’honneur du Seigneur Jagannath ont commencées, pendant qu’un prêtre récitait des mantras en sanskrit.

Puis, les brahmanes ont lancé les noix de coco devant le char pour bénir le parcours, et ont présenté aux fidèles l’Agni (le feu sacré) pour que nous puissions passer nos mains au-dessus, avant de les passer sur nos cheveux en signe de purification. Nos fronts portaient les signes de notre dévotion à nos Dieux respectifs. Pour moi, et la famille de Sathiya le vapooti, en 3 lignes blanches, marquant les 3 niveaux de l’univers (je suis Shivaïte comme la plupart des Tamils de Sud de l’Inde), le santal symbole de purification et la tikka pour porter chance et pour souhaiter la bienvenue. Pour les Vaishnaves le V de Vishnou tracé en rouge avec l’intérieur jaune, etc…A… m’avait offert un dhoti blanc bordé de orange (couleur de Jagannath) et lui portait un sac en toile destiné à contenir nos sandales pendant que nous tirerions le char.

Après ces bénédictions d’usage, nous étions fin prêts à nous mettre dans les cordes, mais les agents de sécurité du temple ont préféré que nous tirions le char une fois que nous serions sortis de la place du Colonel Fabien, à cause des arbres, qui gênaient le haut du char et les côtés ce qui pouvait être dangereux. Mais bon, rien ne pouvait nous arrêter transportés dans notre élan d’amour pour Jagannath. Tous le long du chemin, qui a été fort long en raison d’arrêts fréquents pour louer Jagannath par des chants et des danses, nous avons été ravitaillés en gâteaux et boissons très sucrés jusqu’à écoeurement, et ce pour nous donner des forces.

Il faisait très beau avec beaucoup de soleil et le pauvre A… a beaucoup souffert. Nous lui avons donc proposé de suivre le défilé sur le trottoir ou devant, avec les musiciens, pour qu’il souffle un peu et surtout éviter qu’il ne se trouve mal par la chaleur. Sivarajini, en maman prévoyante avec mis la choupette dans une poussette quitte si elle ne voulait pas y rester, à être porter par Sathiya.

Nous étions tous plein d’amour pour Jagannath, et pour l’honorer, nous avions revêtu nos habits de fêtes aux couleurs préférées du Dieu. Les femmes avaient accroché des fleurs dans leur natte, et tout le long du chemin elles ont fait une ronde en dansant, pendant que les hommes de leur côté montraient leur joie de façon plus exubérante. Comme Sathiya et moi tirions les cordes, nos manifestations ont été plus discrètes, nous contentant de chanter et de réciter des mantras.

Arrivés à la Fontaine des Innocents aux Halles, nous avons enfin pu poser les cordes. Nous avions l’intérieur des mains rouge, avantagées par quelques cloques. Quant à nos pieds (Nous avions retiré nos sandales pour ne pas souiller avec nos chaussures le chemin sur lequel Jagannath devait passer) ils n’avaient plus de couleur et on nous a marché dessus un nombre incalculable de fois. Mouais, des européens ont voulu tirer le char ainsi que des indiens et ils avaient gardé leurs chaussures (aucun sens du respect dû aux Dieu et divinités), et évidemment, ils écrasaient les pieds tous ceux qui se trouvaient devant ou derrière eux selon les arrêts du char.

Heureusement que le repas des brahmanes, des dévôts, et des tireurs de chars avaient été mis de côté, car lorsque nous sommes arrivés, il y avait foule pour en bénéficier (je le répète tout le monde est accepté) J’ai servi Sivarajini, la choupette et A… qui après s’être restaurés, nous ont servi Sathiya et moi car, si c’est un plaisir de recevoir, c’en est encore un plus grand de donner.

Sur une estrade, une danseuse indienne nous a fait une superbe démonstration de Baratha Nathyam que nous avons filmée comme nous pouvions, car il y avait foule et nous étions sur le côté. Puis nous avons fait le tour des petits kiosques en bois, vendant divers produits ayurvédiques et religieux pour ensuite raccompagner Sathiya et sa petite famille (dont la choupette s’était endormie dans la poussette) chez lui, avant de regagner nous-mêmes notre chez nous imprégnés du bonheur d’avoir honoré et glorifié comme il se doit le Seigneur Jagannath et dans l‘impatience du prochain à venir.